Mes Y en a marre
La propriétaire de
ma maison a mis un avis en bas de chez moi qui dit “Fermez la porte
S.V.P.”. C’est un avis qui concerne tous ceux qui habitent dans
l’immeuble où j’habite. C’est quelque chose qui est voulue pour notre
sécurité. C’est rare que quand je rentre à la maison ou quand je dois
sortir, je trouve cette porte fermée à clé. Pourquoi ? Parce que
quelqu’un pour premier l’a laissée ouverte. Ceux qui sont venus après
lui ont imité son comportement en se disant : « Si on l’a laissé
ouverte, il y a une raison », ou bien « si les autres la laissent
ouverte, moi aussi je la laisse ouverte ».
Mon habitude
est de fermer cette porte à clé. Soit que je rentre, soit que je sorts,
je ferme la porte à clé. Parce que je trouve que si on nous a donné une
règle à suivre, il y a des raisons. J’ai analysé les possibles raisons
et j’ai trouvé que seulement pour un sens de sécurité pour moi et pour
les autres, c’est une bonne règle. Maintenant je me demande, pourquoi
ceux qui arrivent après moi laissent la porte ouverte ? Pourquoi c’est
plus facile d’imiter un mauvais comportement plutôt qu’un bon
comportement ?
J’ai mon Y en a marre personnel envers tous ceux qui se laissent dominer par les mauvaises habitudes.
J’en
ai marre quand je vois cracher par terre dans les rues soit en présence
d’un enfant, soit en son absence. Il faudrait toujours penser qu’on est
en train de cracher dans notre propre maison, en donnant un exemple à
tous ceux qui nous regardent.
J’en ai marre quand je vois un
enfant acheter des cigarettes à la boutique. Le boutiquier qui vend et
l’adulte qui envoie l’enfant, ils sont responsable de la facilité avec
la quelle un enfant arrive à toucher à la cigarette.
J’en ai marre
quand je suis sur un car rapide, je vois un taxi garé quelque part et
le taximan en train de pisser devant un mur qui dit « défense de uriner,
amende 5000 fcfa ».
J’en ai marre de voir les gens pisser dans les rues même s’il n’y a pas la défense de pisser.
J'en ai marre de voir les gens traverser l'autoroute au lieu de monter sur les ponts et de voir les enfants suivre leur exemple.
J’en ai marre de voir jeter tasses de café touba et poubelle de n’importe quel genre, partout dans les rues.
J’en
ai marre de voir que personne considère ce pays comme sa propre maison.
Qu’est-ce qu’en serait si j’entre dans une maison, je mange une tangal
mente et je jette par terre le papier ? Qu’est-ce que ça donnerait si
dans une maison je commence à cracher par terre ? Ou si je me mets dans
un coin et je commence à pisser par terre ?
J’en ai marre de ceux qui apprennent aux enfants à crier « khonk nopp » à chaque fois qu’ils voient une blanche.
J’en ai marre de « toubab donne-moi ton argent ».
J’en ai marre de la mal éducation.
J’en ai marre de qui pense qu’une étrangère ne peut pas aimer le Sénégal comme sa propre maison.
J’en
ai marre de « toubab rentre chez toi ». Non, parce que maintenant chez
moi est ici. Et peut-être je traite cette maison avec un respect qui
dépasse le tien.
J’en ai marre de « je veux prendre une pirogue,
ici il n’y a rien ». Dans ce pays il y a de l’espoir, il faut y croire,
il faut bouger les fesses que je vois toujours collées devant du ataya,
il faut cultiver des capacités, des intérêts, des objectifs.
J’en ai marre du désespoir créé par une mal gouvernance.
J’en ai marre des corrupteurs et des corrompus.
J’en
ai marre de voir envoyer un enfant à la boutique suite à une promesse
de paiement pour qu’il fasse son devoir. C’est le début de la
corruption, c’est le début de l’incitation à la facilité. « Je ferai
quelque chose de bon seulement si on me paie ». C’est dégoutant.
J’en
ai marre de « je t’aime » dit à tous les coins des rues, seulement
parce que je représente l’espoir de voyager en Europe, ou d’un compte à
la banque sans mesure.
J’en ai marre qu’on ne me regarde pas comme à un être humain ou mieux comme à une femme très humaine.
J’en
ai marre des wakhale des taximan qui quand me regardent pensent
seulement à me tromper parce qu’ils pensent que mes poches peuvent payer
5000 cfa pour aller n’importe quel coin de rue.
J’en ai marre de
« comment ça se passe le séjour ? ». Comme si à cause du fait que je
suis étrangère, je ne peux être ici qu’en vacance. Ou bien ceux qui me
disent « amène-moi en France ». Je suis italienne. Je n’ai jamais été en
France. Et bon, je réponds « si tu as le billet et l’argent pour
acheter le mien, on peut partir quand tu veux, j’aimerais découvrir la
France ».
J’en ai marre qu’on me coupe le courant quand je suis en
train d’étudier le wolof, ou quand je voudrais tout simplement lire un
livre à la maison, où quand je voudrais regarder un film, ou quand
quelqu’un vient me voir chez moi.
La Langue
J’en
ai marre de « comment c’est possible que tu es ici depuis 1 an et 9
mois et tu ne parles pas encore wolof » ? Il n’y a pas des cours
d’alphabétisation wolof pour les étrangers accessibles à tous. Il y en a
avec des couts qui ne sont pas accessibles à tous. Donc ceux qui n’ont
pas assez d’argent ne pourront pas y accéder. Le fait d’être européenne
ne signifie pas que je peux payer des prix exorbitants. En Italie la
majorité des cours d’italien pour les étrangers, sont gratuits.
J’en ai marre de ne pas pouvoir comprendre totalement ce qu’on dit à la tv ou à la radio.
J’en ai marre de perdre le sens des journaux du soir en wolof.
La
langue m’exclue de beaucoup de choses. Je veux m’engager à l’apprendre
sérieusement. Je ne refuse pas de l’apprendre. J’ai besoin d’aide pour
ça. Ne me dites pas qu’une langue, pour l’apprendre il faut la parler,
car avant de la parler, il faut l’apprendre. Si on ne connaît pas les
signifiés des mots, on ne peut pas parler sans savoir ce qu’on dit.
Je me sens handicapée.
Des
fois on me dit « maintenant tu es une vraie sénégalaise », seulement
parce que j’arrive à dire quelques mots en wolof ou à dire quel plat
sénégalais j’ai mangé à midi. Ce que je sais, c’est que ce n’est pas ça
être une sénégalaise. Je continuerai à être italienne, avec mes
caractéristiques, avec mon identité personnelle, avec mon prénom italien
(car de fois on essaie de me baptiser avec quelque nom sénégalais),
avec mon éducation, avec ma culture, avec ma façon de cuisiner (oui,
nous aussi nous avons des mains et des capacités culinaires qui ne
concernent pas encore les plats sénégalais, et pourtant nous mangeons
bien aussi), avec ma tête dure, avec mon cœur sans mesure. Mais j’ai
besoin de m’intégrer. L’intégration ne signifie pas du tout s’anéantir,
se supprimer, pour devenir l’imitation d’une sénégalaise. Non, ce n’est
pas ça. C’est trouver une place dans la société et être acceptée parce
que je suis un être humain. Et pour trouver cette place, je dois avoir
la possibilité de communiquer au mieux de mes capacités. Le wolof est la
langue nationale. On ne peut pas penser d’habiter ici sans l’apprendre
correctement.
J’ai fait des pas de géante grâce à
facebook, car tous les débats ont des commentaires en wolof. Je lis, je
vais traduire sur wolofici.com et j’essaie de retenir les mots dans ma
tête.
J’ai fait des pas de géante grâce aussi à mes collègues de
travail, grâce à certains de mes amis, à des taximan et aux boutiquiers.
Souvent m’arrive de comprendre les sens des discours, en générale, je
peux répondre en français, mais je ne peux pas faire des discours
entiers en wolof. Ça viendra. Je le sais, parce que dama deguer bopp. A
présent je reconnais que je suis ignorante. J’ignore la langue de ce
pays. Je déteste qu’on se moque de mon ignorance. J’ai le devoir
d’apprendre et de savoir. La connaissance est une arme. Et pour me
protéger je dois sortir de ma maison armée de connaissance.
La maladie
La
maladie éloigne les gens. J’ai été très malade dans les derniers temps.
Et beaucoup de ceux que j’attendais de voir frapper à ma porte pour se
prendre soin de moi ou pour avoir des mes nouvelles, ont bien disparus.
Je ne crois pas qu’ils l’ont fait exprès. Je crois qu’ils m’ont confiée
dans les mains de Dieu en priant que ma santé s’améliorât. Mais il y a
une copine qui m’a prise en charge et a décidé de me confier dans les
mains des médecins. Et ça m’a beaucoup aidé. Je suis encore là grâce à
elle.
J’arrive toujours à me surprendre quand je rentre
dans une maison, je trouve quelqu’un allongé par terre sur un tapis,
qui ne bouge pas à cause d’une grave maladie. Souvent c’est le
paludisme. Mais si je demande, on me répond que « c’est la fatigue ».
Souvent les médicaments qu’ils ont dans les ordonnances, sont des
médicaments pour la grippe. Ce que j’ai appris avec le temps, c’est
qu’ici certains médecins ne font pas de différence entre la grippe et le
paludisme. Et les gens mêmes ne savent pas qu’elle est la différence
des symptômes. Mais il y a quelque chose qui enlèverait tous les
doutes. Les analyses du sang.
Ce qui m’étonne est que
dans certains hôpitaux, si tu fais le test pour le paludisme, tu n’auras
les résultats qu’après 3 jours. Le paludisme est une maladie qui tue.
Comment peut un hôpital se permettre de donner les résultats du test
après 3 jours ? Il y a des laboratoires où tu fais le test et après une
heure on t’appelle pour te donner le résultat. Il s’agit de laboratoires
où le cout des analyses est cher. Mais donc, si c’est possible d’avoir
un service efficace, ça veut dire que les hôpitaux aussi pourraient
donner un service de qualité. Je n’ai jamais toléré l’idée qu’il y a
des gens qui meurent à cause du fait qu’ils ne peuvent pas accéder à un
service de qualité parce qu’il est trop cher. Je pouvais mourir, moi
aussi, mais j’ai eu la chance que ma copine a tout payé pour moi,
analyses et ordonnances.
L’organisation
Un
projet qui aboutit ici est digne d’applaudissement. Ça veut dire que
ceux qui ont conçu le projet ont bien travaillé en termes d’évaluation
du risque, de moyens à utiliser, de ressources humaines à employer, de
délai à respecter, de terrain d’entente établi. Tout projet nécessite
l’accord entre les parties. Et ici au Sénégal les relations humaines
bien entretenues peuvent amener à des grands résultats. Si une des
parties n’est pas satisfaite du type de relation humaine que tu propose,
ou que tu es en mesure d’instaurer, toute affaire peut arriver à une
catastrophe.
La seule chose que j’ai organisée ici pour
l’instant, est quelque chose de ludique. Deux matches de football. Et
j’avoue qu’il n’a pas été si simple, même si je l’ai fait presque en 10
jours chaque match. Il faut quelqu’un de crédible qui aie envie
d’organiser, deux équipes, donc au moins 22 joueurs (sans les quels rien
aurait pu se réaliser), un terrain de foot, de l’argent pour payer la
réservation, un arbitre, un sifflet pour l’arbitre, un ballon (ou deux
en cas de explosion du premier mdrr), un trophée et des supporteurs qui
rendront l’atmosphère extraordinaire.
La seule chose
qui ne me concernait pas était le respect de l’horaire du rendez-vous et
le respect de la parole donnée à y être une fois que j’ai garanti la
réservation du terrain. Les deux matches ont eu lieu et tout le monde
s’est bien amusé. J’ai adoré les organiser. J’ai aimé surtout faire des
nouvelles connaissances et mélanger mes amis, et les amis de mes amis,
entre eux.
Pourtant, et ici j’ai un reproche à faire,
les deux seules choses demandées n’ont pas été respectées par tout le
monde. Au deuxième match les absents ont été nombreux, et j’ai dû
demander du secours à la dernière minute, en cas contraire les deux
équipes n’auraient pas pu être au complet malgré on avait rejoint plus
que 20 recrutés pour chaque équipe.
J’avais prévu le
retard en donnant rendez-vous à 16h quand le match aurait commencé à
17h. En plus, parce qu’il y en a qui ont dépassé les 17h40.
Ce n’est pas une justification de dire « ici on est au Sénégal, nous sommes toujours en retard ».
C’est l’acceptation de cette justification qui rend vraiment le pays en retard.
L’envie de quitter le pays
J’ai
plein d’amis qui veulent quitter le Sénégal parce qu’ils disent « ici
il n’y a rien ». Et entretemps ils restent à la maison à rêver
l’extérieur sans s’engager d’abord à gagner l’argent qui leur
permettrait de quitter le pays (pour acheter un billet d’avion, faire un
visa etc). S’ils n’arrivent pas à remplir le vide du ventre donné par
la paresse, avec un travail qui devrait frapper à leur porte, la
responsabilité est donnée au gouvernement. Le gouvernement a ses
responsabilités, bien sûr, mais chaque citoyen doit acquérir aussi le
sens de responsabilité, de sa propre responsabilité sur ce qui manque
dans sa vie. Etre responsable signifie être capable de reconnaitre ce
qu’on a fait et ce qu’on n’a pas fait pour donner un sens et une
direction à sa propre vie. A chaque action correspond une réaction. A
chaque non-action correspond toujours une réaction, car le monde avance
même sans ceux qui ne bougent pas et qui restent à regarder et se
plaindre de ceux qui bougent.
Avant de penser de
quitter ton pays qui ne t’a rien donné, demande-toi qu’est-ce que tu as
fait pour montrer à ton pays que tu vaux quelque chose, quelles
capacités tu lui as donné pour qu’il te rend ton pain, quels efforts et
quelles actions tu as mis en place pour montrer que tu mérites une
chance dans ton pays d’abord. Si tu es capable de donner quelque chose à
ton pays, si tu es capable de faire quelque chose ici, si tu arrives à
te débrouiller ici, n’importe dans quelle façon mais dans les limites du
respect de la loi, tu pourras aussi faire quelque chose ailleurs.
L’idée de partir tout simplement parce qu’ici personne t’a rien offert,
parce qu’ici tu n’as pas réussi à trouver la facilité, parce que là-bas
tu crois que tout sera facile, n’aboutira à rien.
Tu as
le droit de sortir de ton pays, comme j’ai fait en sortant de mon pays,
d’aller voir, de revenir, de rester là-bas. Mais sache que pour sortir
tu dois payer un billet, et si tu t’endettes avec ton quartier pour
arriver à payer un billet, sans avoir gagné cet argent avec ton travail,
tes capacités, tes points de force, tu n’arriveras pas à te débrouiller
ailleurs. Donc si ton projet est de quitter le Sénégal, travaille pour
ça. Lutte pour ça. Essaie d’avoir un compte en banque qui montre que tu
n’es pas en train de fuir. Essaie d’arriver à qu’on te reconnait ton
droit de sortir de ce pays dans la légalité, pas en allant chez les
arnaqueurs ou les vendeurs d’espoirs. Quand je dis ça on me répond :
« si j’avais un travail ici, je ne quitterais pas mon pays ». Le travail
ne va jamais frapper à ta porte. Tu dois développer tes capacités,
d’abord et les amener à te rendre intéressant et nécessaire à qui donne
du travail. Et surtout, tu ne dois jamais arrêter de le chercher ce
travail.
Je vois des sénégalais qu’en Italie acceptent
de faire des travaux qu’ici ne feraient jamais. Pourquoi ? Parce qu’ils
n’ont pas de choix. Parce qu’il y a une famille ici qui s’attend que
celui qui est arrivé à l’Eldorado, envoie la dépense mensuelle
régulièrement. Parce qu’ici ils n’ont pas travaillé pour avoir des
spécialisations, des qualifications. Et je peux dire aussi d’avoir vu
que même ceux qui ont des certifications, des diplômes, ont des
difficultés à se colloquer dans leur domaine d’intérêt, car il y a aussi
le racisme contre le quel ils doivent se confronter. Partir pour
« là-bas » n’est pas arriver à avoir la facilité, que ce soit claire
quand vous ferez votre valise.
La vie de quartier
J’aime
mon quartier. Ma vie a été très simple même quand j’étais en Italie.
J’allais au travail, je rentrais chez moi, et mes amis venaient me voir.
Ou bien, après le travail j’allais les voir. Le dimanche, dès que le
printemps arrivait, on allait tous au parc Sempione, pour décompresser.
C’était très rare que j’allais dans les Restaurants, ou les boites de
nuit. Pour moi, s’amuser était tout simplement passer des bons moments
avec mes amis. Bien sûr, des fois on sortait. Mais je n’aimais pas du
tout de gaspiller mon argent pour les soirées dans ces lieux. J’ai
toujours essayé de faire de l’économie parce qu’on sait jamais quel type
d’urgence peut arriver dans la vie.
Et ici je fais la
même chose. Je sorts du travail, je vais chez mes amis (ou dans mon
quartier ou ailleurs), je profite des beaux moments avec eux, et je
rentre chez moi. Le weekend, après les ménages, le marché et tout ce qui
concerne la maison (paiement des factures compris), je parts à la plage
en disant à tout le monde de me rejoindre là-bas, ou je fais autre
chose en disant à tout le monde de me rejoindre où je suis. Pas de
rendez-vous pour partir ensemble, car je n’aime pas d’attendre. Je
parts. Ceux qui ont envie de me voir, me suivront.
Dans
mon quartier je connais plein de monde. Et dans n’importe quelle maison
j’entre, on m’accueille comme un membre de la famille. Et je crois qu’à
part la teranga sénégalaise, un ingrédient fondamental de cette
accueillance vient de moi. On m’aime naturellement. Je peux le dire sans
modestie parce que c’est plus que vrai. Je respecte tous les endroits
où je me trouve, et je suis sociable avec ceux qui me mettent à l’aise
et me donnent l’opportunité de m’exprimer, dans mon wolof primordial et
mon français pas trop parfait.
J’ai plusieurs familles à
Dakar qui tiennent à moi et où je vais me réfugier souvent quand le
moral descend aux pieds. Mais quand j’ai les larmes aux yeux je n’ai que
deux choix. Rester chez moi, ou aller chez Adja. Adja est ma complice,
ma sœur, ma mère, mon soutien, celle qui peut toujours me donner un avis
objectif sur ce que je lui raconte. Et si je tombe malade, elle est
toujours la première à s’occuper de moi. Elle ne demande pas si j’ai
besoin de quelque chose. Elle vient directement me voir en faisant son
mieux pour me soulager. Il y a toujours un plat qui m’attend chez elle.
Elle s’occupe de moi parce qu’elle sait être une amie, sincère et
honnête. Et elle a compris que moi aussi je peux avoir des difficultés.
Ce n’est pas ma peau qui donne une solution à mes problèmes. Et Adja me
reconnait en tant qu’être humain.
Je ne me vois pas
dans un autre quartier, même si je connais des gens partout. Laisser les
hlm voudrait dire rendre mes visites à Adja et mon homonyme, plus
rares, renoncer à voir la famille de Djiby quand j’ai envie de faire
deux pas (déjà je me fais très rare avec mon takhawalou !), ne plus
entendre la voix de Fatou qui m’appelle à chaque fois qu’elle voit la
lumière allumée dans mon salon, ne plus avoir des crises de RAB avec
Babou quand il frappe à ma porte et je suis fatiguée ou je travaille à
l’ordinateur mdrrrr, ne plus entendre Aminta sonner la sonnerie bizarre
de ma porte jusqu’à quand j’arrive à ouvrir, ne plus jouer avec la
playstation avec elle des heures jusqu’à quand les membres de sa famille
se préoccupent et viennent la chercher, recommencer à me faire
connaitre dans un autre quartier, recommencer à construire des relations
de confiance avec les voisins. Et beaucoup d’autres choses. Je ne suis
pas prête à ça.
J’aime ce pays parce qu’il y a de
l’espoir ici. En plus j’ai rencontré un univers de gens qui m’ont
accueillie sans voir la couleur de ma peau, sans me faire sentir
différente, sans arrières pensées, en me faisant sentir comme si ici
c'est chez moi.
Teranga è una parola che si può sommariamente tradurre come ospitalità ma che in realtà esprime molto di più: accoglienza, attenzione, rispetto, gentilezza, allegria e il piacere di ricevere un ospite nella propria casa. Lo straniero accolto in casa è coccolato e vezzeggiato, gli sono concessi diritti straordinari, per lui vengono cucinati i piatti migliori, con gli ingredienti più pregiati. E' con questo spirito che vi accolgo su questo blog. Siate i benvenuti. – Roberta -
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