Sénégal: Dakar - 26/07/2011 - Mes Y en a marre, pour ceux qui se laissent dominer par les mauvaises habitudes

Mes Y en a marre

La propriétaire de ma maison a mis un avis en bas de chez moi qui dit “Fermez la porte S.V.P.”. C’est un avis qui concerne tous ceux qui habitent dans l’immeuble où j’habite. C’est quelque chose qui est voulue pour notre sécurité. C’est rare que quand je rentre à la maison ou quand je dois sortir, je trouve cette porte fermée à clé. Pourquoi ? Parce que quelqu’un pour premier l’a laissée ouverte. Ceux qui sont venus après lui ont imité son comportement en se disant : « Si on l’a laissé ouverte, il y a une raison », ou bien « si les autres la laissent ouverte, moi aussi je la laisse ouverte ».

Mon habitude est de fermer cette porte à clé. Soit que je rentre, soit que je sorts, je ferme la porte à clé. Parce que je trouve que si on nous a donné une règle à suivre, il y a des raisons. J’ai analysé les possibles raisons et j’ai trouvé que seulement pour un sens de sécurité pour moi et pour les autres, c’est une bonne règle. Maintenant je me demande, pourquoi ceux qui arrivent après moi laissent la porte ouverte ? Pourquoi c’est plus facile d’imiter un mauvais comportement plutôt qu’un bon comportement ?

J’ai mon Y en a marre personnel envers tous ceux qui se laissent dominer par les mauvaises habitudes.
J’en ai marre quand je vois cracher par terre dans les rues soit en présence d’un enfant, soit en son absence. Il faudrait toujours penser qu’on est en train de cracher dans notre propre maison, en donnant un exemple à tous ceux qui nous regardent.
J’en ai marre quand je vois un enfant acheter des cigarettes à la boutique. Le boutiquier qui vend et l’adulte qui envoie l’enfant, ils sont responsable de la facilité avec la quelle un enfant arrive à toucher à la cigarette.
J’en ai marre quand je suis sur un car rapide, je vois un taxi garé quelque part et le taximan en train de pisser devant un mur qui dit « défense de uriner, amende 5000 fcfa ».
J’en ai marre de voir les gens pisser dans les rues même s’il n’y a pas la défense de pisser.
J'en ai marre de voir les gens traverser l'autoroute au lieu de monter sur les ponts et de voir les enfants suivre leur exemple.
J’en ai marre de voir jeter tasses de café touba et poubelle de n’importe quel genre, partout dans les rues.
J’en ai marre de voir que personne considère ce pays comme sa propre maison. Qu’est-ce qu’en serait si j’entre dans une maison, je mange une tangal mente et je jette  par terre le papier ? Qu’est-ce que ça donnerait si dans une maison je commence à cracher par terre ? Ou si je me mets dans un coin et je commence à pisser par terre ?
J’en ai marre de ceux qui apprennent aux enfants à crier « khonk nopp » à chaque fois qu’ils voient une blanche.
J’en ai marre de « toubab donne-moi ton argent ».
J’en ai marre de la mal éducation.
J’en ai marre de qui pense qu’une étrangère ne peut pas aimer le Sénégal comme sa propre maison.
J’en ai marre de « toubab rentre chez toi ». Non, parce que maintenant chez moi est ici. Et peut-être je traite cette maison avec un respect qui dépasse le tien.
J’en ai marre de « je veux prendre une pirogue, ici il n’y a rien ». Dans ce pays il y a de l’espoir, il faut y croire, il faut bouger les fesses que je vois toujours collées devant du ataya, il faut cultiver des capacités, des intérêts, des objectifs.
J’en ai marre du désespoir créé par une mal gouvernance.
J’en ai marre des corrupteurs et des corrompus.
J’en ai marre de voir envoyer un enfant à la boutique suite à une promesse de paiement pour qu’il fasse son devoir. C’est le début de la corruption, c’est le début de l’incitation à la facilité. « Je ferai quelque chose de bon seulement si on me paie ». C’est dégoutant.
J’en ai marre de « je t’aime » dit à tous les coins des rues, seulement parce que je représente l’espoir de voyager en Europe, ou d’un compte à la banque sans mesure.
J’en ai marre qu’on ne me regarde pas comme à un être humain ou mieux comme à une femme très humaine.
J’en ai marre des wakhale des taximan qui quand me regardent pensent seulement à me tromper parce qu’ils pensent que mes poches peuvent payer 5000 cfa pour aller n’importe quel coin de rue.
J’en ai marre de « comment ça se passe le séjour ? ». Comme si à cause du fait que je suis étrangère, je ne peux être ici qu’en vacance. Ou bien ceux qui me disent « amène-moi en France ». Je suis italienne. Je n’ai jamais été en France. Et bon, je réponds « si tu as le billet et l’argent pour acheter le mien, on peut partir quand tu veux, j’aimerais découvrir la France ».
J’en ai marre qu’on me coupe le courant quand je suis en train d’étudier le wolof, ou quand je voudrais tout simplement lire un livre à la maison, où quand je voudrais regarder un film, ou quand quelqu’un vient me voir chez moi.

La Langue

J’en ai marre de « comment c’est possible que tu es ici depuis 1 an et 9 mois et tu ne parles pas encore wolof » ? Il n’y a pas des cours d’alphabétisation wolof pour les étrangers accessibles à tous. Il y en a avec des couts qui ne sont pas accessibles à tous. Donc ceux qui n’ont pas assez d’argent ne pourront pas y accéder. Le fait d’être européenne ne signifie pas que je peux payer des prix exorbitants. En Italie la majorité des cours d’italien pour les étrangers, sont gratuits.
J’en ai marre de ne pas pouvoir comprendre totalement ce qu’on dit à la tv ou à la radio.
J’en ai marre de perdre le sens des journaux du soir en wolof.

La langue m’exclue de beaucoup de choses. Je veux m’engager à l’apprendre sérieusement. Je ne refuse pas de l’apprendre. J’ai besoin d’aide pour ça. Ne me dites pas qu’une langue, pour l’apprendre il faut la parler, car avant de la parler, il faut l’apprendre. Si on ne connaît pas les signifiés des mots, on ne peut pas parler sans savoir ce qu’on dit.

Je me sens handicapée.

Des fois on me dit « maintenant tu es une vraie sénégalaise », seulement parce que j’arrive à dire quelques mots en wolof ou à dire quel plat sénégalais j’ai mangé à midi. Ce que je sais, c’est que ce n’est pas ça être une sénégalaise. Je continuerai à être italienne, avec mes caractéristiques, avec mon identité personnelle, avec mon prénom italien (car de fois on essaie de me baptiser avec quelque nom sénégalais), avec mon éducation, avec ma culture, avec ma façon de cuisiner (oui, nous aussi nous avons des mains et des capacités culinaires qui ne concernent pas encore les plats sénégalais, et pourtant nous mangeons bien aussi), avec ma tête dure, avec mon cœur sans mesure. Mais j’ai besoin de m’intégrer. L’intégration ne signifie pas du tout s’anéantir, se supprimer, pour devenir l’imitation d’une sénégalaise. Non, ce n’est pas ça. C’est trouver une place dans la société et être acceptée parce que je suis un être humain. Et pour trouver cette place, je dois avoir la possibilité de communiquer au mieux de mes capacités. Le wolof est la langue nationale. On ne peut pas penser d’habiter ici sans l’apprendre correctement.

J’ai fait des pas de géante grâce à facebook, car tous les débats ont des commentaires en wolof. Je lis, je vais traduire sur wolofici.com et j’essaie de retenir les mots dans ma tête.
J’ai fait des pas de géante grâce aussi à mes collègues de travail, grâce à certains de mes amis, à des taximan et aux boutiquiers. Souvent m’arrive de comprendre les sens des discours, en générale, je peux répondre en français, mais je ne peux pas faire des discours entiers en wolof. Ça viendra. Je le sais, parce que dama deguer bopp. A présent je reconnais que je suis ignorante. J’ignore la langue de ce pays. Je déteste qu’on se moque de mon ignorance. J’ai le devoir d’apprendre et de savoir. La connaissance est une arme. Et pour me protéger je dois sortir de ma maison armée de connaissance.

La maladie

La maladie éloigne les gens. J’ai été très malade dans les derniers temps. Et beaucoup de ceux que j’attendais de voir frapper à ma porte pour se prendre soin de moi ou pour avoir des mes nouvelles, ont bien disparus. Je ne crois pas qu’ils l’ont fait exprès. Je crois qu’ils m’ont confiée dans les mains de Dieu en priant que ma santé s’améliorât. Mais il y a une copine qui m’a prise en charge et a décidé de me confier dans les mains des médecins. Et ça m’a beaucoup aidé. Je suis encore là grâce à elle.

J’arrive toujours à me surprendre quand je rentre dans une maison, je trouve quelqu’un allongé par terre sur un tapis, qui ne bouge pas à cause d’une grave maladie. Souvent c’est le paludisme. Mais si je demande, on me répond que « c’est la fatigue ». Souvent les médicaments qu’ils ont dans les ordonnances, sont des médicaments pour la grippe. Ce que j’ai appris avec le temps, c’est qu’ici certains médecins ne font pas de différence entre la grippe et le paludisme. Et les gens mêmes ne savent pas qu’elle est la différence des  symptômes. Mais il y a quelque chose qui enlèverait tous les doutes. Les analyses du sang.

Ce qui m’étonne est que dans certains hôpitaux, si tu fais le test pour le paludisme, tu n’auras les résultats qu’après 3 jours. Le paludisme est une maladie qui tue. Comment peut un hôpital se permettre de donner les résultats du test après 3 jours ? Il y a des laboratoires où tu fais le test et après une heure on t’appelle pour te donner le résultat. Il s’agit de laboratoires où le cout des analyses est cher. Mais donc, si c’est possible d’avoir un service efficace, ça veut dire que les hôpitaux aussi pourraient donner un service de qualité. Je n’ai jamais toléré l’idée qu’il y  a des gens qui meurent à cause du fait qu’ils ne peuvent pas accéder à un service de qualité parce qu’il est trop cher. Je pouvais mourir, moi aussi, mais j’ai eu la chance que ma copine a tout payé pour moi, analyses et ordonnances.

L’organisation

Un projet qui aboutit ici est digne d’applaudissement. Ça veut dire que ceux qui ont conçu le projet ont bien travaillé en termes d’évaluation du risque, de moyens à utiliser, de ressources humaines à employer, de délai à respecter, de terrain d’entente établi. Tout projet nécessite l’accord entre les parties. Et ici au Sénégal les relations humaines bien entretenues peuvent amener à des grands résultats. Si une des parties n’est pas satisfaite du type de relation humaine que tu propose, ou que tu es en mesure d’instaurer, toute affaire peut arriver à une catastrophe.

La seule chose que j’ai organisée ici pour l’instant, est quelque chose de ludique. Deux matches de football. Et j’avoue qu’il n’a pas été si simple, même si je l’ai fait presque en 10 jours chaque match. Il faut quelqu’un de crédible qui aie envie d’organiser, deux équipes, donc au moins 22 joueurs (sans les quels rien aurait pu se réaliser), un terrain de foot, de l’argent pour payer la réservation, un arbitre, un sifflet pour l’arbitre, un ballon (ou deux en cas de explosion du premier mdrr), un trophée et des supporteurs qui rendront l’atmosphère extraordinaire.

La seule chose qui ne me concernait pas était le respect de l’horaire du rendez-vous et le respect de la parole donnée à y être une fois que j’ai garanti la réservation du terrain. Les deux matches ont eu lieu et tout le monde s’est bien amusé. J’ai adoré les organiser.  J’ai aimé surtout faire des nouvelles connaissances et mélanger mes amis, et les amis de mes amis, entre eux.

Pourtant, et ici j’ai un reproche à faire, les deux seules choses demandées n’ont pas été respectées par tout le monde. Au deuxième match les absents ont été nombreux, et j’ai dû demander du secours à la dernière minute, en cas contraire les deux équipes n’auraient pas pu être au complet malgré on avait rejoint plus que 20 recrutés pour chaque équipe.

J’avais prévu le retard en donnant rendez-vous à 16h quand le match aurait commencé à 17h. En plus, parce qu’il y en a qui ont dépassé les 17h40.

Ce n’est pas une justification de dire « ici on est au Sénégal, nous sommes toujours en retard ».

C’est l’acceptation de cette justification qui rend vraiment le pays en retard.

L’envie de quitter le pays

J’ai plein d’amis qui veulent quitter le Sénégal parce qu’ils disent « ici il n’y a rien ». Et entretemps ils restent à la maison à rêver l’extérieur sans s’engager d’abord à gagner l’argent qui leur  permettrait de quitter le pays (pour acheter un billet d’avion, faire un visa etc). S’ils n’arrivent pas à remplir le vide du ventre donné par la paresse, avec un travail qui devrait frapper à leur porte, la responsabilité est donnée au gouvernement. Le gouvernement a ses responsabilités, bien sûr, mais chaque citoyen doit acquérir aussi le sens de responsabilité, de sa propre responsabilité sur ce qui manque dans sa vie. Etre responsable signifie être capable de reconnaitre ce qu’on a fait et ce qu’on n’a pas fait pour donner un sens et une direction à sa propre vie. A chaque action correspond une réaction. A chaque non-action correspond toujours une réaction, car le monde avance même sans ceux qui ne bougent pas et qui restent à regarder et se plaindre de ceux qui bougent.

Avant de penser de quitter ton pays qui ne t’a rien donné, demande-toi qu’est-ce que tu as fait pour montrer à ton pays que tu vaux quelque chose, quelles capacités tu lui as donné pour qu’il te rend ton pain, quels efforts et quelles actions tu as mis en place pour montrer que tu mérites une chance dans ton pays d’abord. Si tu es capable de donner quelque chose à ton pays, si tu es capable de faire quelque chose ici, si tu arrives à te débrouiller ici, n’importe dans quelle façon mais dans les limites du respect de la loi, tu pourras aussi faire quelque chose ailleurs. L’idée de partir tout simplement parce qu’ici personne t’a rien offert, parce qu’ici tu n’as pas réussi à trouver la facilité, parce que là-bas tu crois que tout sera facile, n’aboutira à rien.

Tu as le droit de sortir de ton pays, comme j’ai fait en sortant de mon pays, d’aller voir, de revenir, de rester là-bas. Mais sache que pour sortir tu dois payer un billet, et si tu t’endettes avec ton quartier pour arriver à payer un billet, sans avoir gagné cet argent avec ton travail, tes capacités, tes points de force, tu n’arriveras pas à te débrouiller ailleurs. Donc si ton projet est de quitter le Sénégal, travaille pour ça. Lutte pour ça. Essaie d’avoir un compte en banque qui montre que tu n’es pas en train de fuir. Essaie d’arriver à qu’on te reconnait ton droit de sortir de ce pays dans la légalité, pas en allant chez les arnaqueurs ou les vendeurs d’espoirs. Quand je dis ça on me répond : « si j’avais un travail ici, je ne quitterais pas mon pays ». Le travail ne va jamais frapper à ta porte. Tu dois développer tes capacités, d’abord et les amener à te rendre intéressant et nécessaire à qui donne du travail. Et surtout, tu ne dois jamais arrêter de le chercher ce travail.

Je vois des sénégalais qu’en Italie acceptent de faire des travaux qu’ici ne feraient jamais. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de choix. Parce qu’il y a une famille ici qui s’attend que celui qui est arrivé à l’Eldorado, envoie la dépense mensuelle régulièrement. Parce qu’ici ils n’ont pas travaillé pour avoir des spécialisations, des qualifications. Et je peux dire aussi d’avoir vu que même ceux qui ont des certifications, des diplômes, ont des difficultés à se colloquer dans leur domaine d’intérêt, car il y a aussi le racisme contre le quel ils doivent se confronter. Partir pour  « là-bas » n’est pas arriver à avoir la facilité, que ce soit claire quand vous ferez votre valise.

La vie de quartier

J’aime mon quartier. Ma vie a été très simple même quand j’étais en Italie. J’allais au travail, je rentrais chez moi, et mes amis venaient me voir. Ou bien, après le travail j’allais les voir. Le dimanche, dès que le printemps arrivait, on allait tous au parc Sempione, pour décompresser.  C’était très rare que j’allais dans les Restaurants, ou les boites de nuit. Pour moi, s’amuser était tout simplement passer des bons moments avec mes amis. Bien sûr, des fois on sortait. Mais je n’aimais pas du tout de gaspiller mon argent pour les soirées dans ces lieux. J’ai toujours essayé de faire de l’économie parce qu’on sait jamais quel type d’urgence peut arriver dans la vie.

Et ici je fais la même chose. Je sorts du travail, je vais chez mes amis (ou dans mon quartier ou ailleurs), je profite des beaux moments avec eux, et je rentre chez moi. Le weekend, après les ménages, le marché et tout ce qui concerne la maison (paiement des factures compris), je parts à la plage en disant à tout le monde de me rejoindre là-bas, ou je fais autre chose en disant à tout le monde de me rejoindre où je suis. Pas de rendez-vous pour partir ensemble, car je n’aime pas d’attendre. Je parts. Ceux qui ont envie de me voir, me suivront.

Dans mon quartier je connais plein de monde. Et dans n’importe quelle maison j’entre, on m’accueille comme un membre de la famille. Et je crois qu’à part la teranga sénégalaise, un ingrédient fondamental de cette accueillance vient de moi. On m’aime naturellement. Je peux le dire sans modestie parce que c’est plus que vrai. Je respecte tous les endroits où je me trouve, et je suis sociable avec ceux qui me mettent à l’aise et me donnent l’opportunité de m’exprimer, dans mon wolof primordial et mon français pas trop parfait.

J’ai plusieurs familles à Dakar qui tiennent à moi et où je vais me réfugier souvent quand le moral descend aux pieds. Mais quand j’ai les larmes aux yeux je n’ai que deux choix. Rester chez moi, ou aller chez Adja. Adja est ma complice, ma sœur, ma mère, mon soutien, celle qui peut toujours me donner un avis objectif sur ce que je lui raconte. Et si je tombe malade, elle est toujours la première à s’occuper de moi. Elle ne demande pas si j’ai besoin de quelque chose. Elle vient directement me voir en faisant son mieux pour me soulager. Il y a toujours un plat qui m’attend chez elle. Elle s’occupe de moi parce qu’elle sait être une amie, sincère et honnête. Et elle a compris que moi aussi je peux avoir des difficultés. Ce n’est pas ma peau qui donne une solution à mes problèmes. Et Adja me reconnait en tant qu’être humain.

Je ne me vois pas dans un autre quartier, même si je connais des gens partout. Laisser les hlm voudrait dire rendre mes visites à Adja et mon homonyme, plus rares, renoncer à voir la famille de Djiby quand j’ai envie de faire deux pas (déjà je me fais très rare avec mon takhawalou !), ne plus entendre la voix de Fatou qui m’appelle à chaque fois qu’elle voit la lumière allumée dans mon salon, ne plus avoir des crises de RAB avec Babou quand il frappe à ma porte et je suis fatiguée ou je travaille à l’ordinateur mdrrrr, ne plus entendre Aminta sonner la sonnerie bizarre de ma porte jusqu’à quand j’arrive à ouvrir, ne plus jouer avec la playstation avec elle des heures jusqu’à quand les membres de sa famille se préoccupent et viennent la chercher, recommencer à me faire connaitre dans un autre quartier, recommencer à construire des relations de confiance avec les voisins. Et beaucoup d’autres choses. Je ne suis pas prête à ça.

J’aime ce pays parce qu’il y a de l’espoir ici. En plus j’ai rencontré un univers de gens qui m’ont accueillie sans voir la couleur de ma peau, sans me faire sentir différente, sans arrières pensées, en me faisant sentir comme si ici c'est chez moi.

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